Daphné Benoît
Agence France-Presse
Kandahar
Publié le 09 juin 2010 à 10h36 | Mis à jour à 10h36
Série noire pour l'Otan en Afghanistan : 23 morts en 4 jours
Au coucher du soleil, dans un jardin bordé de quelques fleurs, c'est l'heure du recueillement pour les soldats du camp Nathan Smith à Kandahar: l'un des leurs a péri en Afghanistan lors d'une série noire pour l'OTAN qui a perdu 23 hommes en quatre jours.
«La semaine a été difficile, on a pris pas mal de coups. Mais je vous garantis qu'on ne va pas laisser gagner ces bâtards», martèle devant les troupes le lieutenant-colonel Joe Pospolita, plus haut gradé canadien sur le camp.
Autour de lui, des centaines de militaires et de civils venus honorer la mémoire du sergent Martin Goudreault, ingénieur de combat canadien de 35 ans emporté dimanche par une bombe artisanale au sud de Kandahar, dans la province où naquit le mouvement taliban.
«Il m'est arrivé de bosser avec ce gars. Il faisait un super boulot, il sortait tous les jours», raconte Mike, démineur canadien qui préfère taire son nom de famille.
«Il se réveillait tous les matins, comme tout le monde. Tu ne sais jamais ce qui t'attend», souffle-t-il, entouré de Canadiens et d'Américains en uniforme, pour la plupart à peine âgés de 20 ans.
«Cette cérémonie est importante, mais on fera vraiment le deuil plus tard, une fois rentré à la maison, simplement parce qu'on doit rester concentré sur la mission», conclut Mike avant d'aller saluer la photographie du défunt, sobrement encadrée de noir.
Après avoir perdu cinq soldats dimanche en Afghanistan, les forces internationales ont connu lundi leur journée la plus meurtrière au combat depuis près de deux ans, avec dix morts -- sept Américains, deux Australiens et un Français. Mardi, trois autres soldats ont péri dans le sud. Et mercredi, quatre soldats ont péri dans le crash d'un hélicoptère abattu par les talibans.
En moyenne, depuis un an, un à deux hommes de l'OTAN meurent chaque jour sur le théâtre afghan.
Parmi les victimes des derniers jours figure aussi un sous-traitant privé américain, tué dans l'attaque du centre régional d'entraînement de la police afghane, non loin du camp. Il devait retrouver sa femme et ses deux enfants dans une dizaine de jours.
«Lui, c'était son meilleur ami», glisse un soldat en désignant un collègue de la victime, la tête basse.
«C'est important de ne jamais oublier ce qui se passe au-delà de ces murs», commente Eli Gerhard, ingénieur de l'armée américaine venu rendre hommage à son collègue canadien.
En guise de piqûre de rappel, trois roquettes ont visé le camp la veille au soir. Aucune n'a atteint sa cible, mais des coups de feu ont retenti dans la nuit pendant un bon quart d'heure.
Au-delà du danger, pour Eli, le pire c'est l'oubli, la télécommande qui change de chaîne après l'annonce au son d'un nouveau mort en Afghanistan.
«Essayez de me donner le nom de trois soldats morts au cours des six derniers mois», lance-t-il comme un défi.
Haut gradé américain dans le sud afghan, le général Ben Hodges craint de son côté que les lourdes pertes des derniers jours érodent un peu plus le soutien populaire à la guerre.
«Quand on perd cinq hommes en une journée, ça attire l'attention. Les Américains, comme la plupart des autres pays de la coalition, ont montré qu'ils étaient prêts à payer le prix si ça en valait la peine. Mais ça ne va pas toujours durer».
http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201006/09/01-4288281-serie-noire-pour-lotan-en-afghanistan-23-morts-en-4-jours.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_moyen-orient_291_section_POS1
Agence France-Presse
Kandahar
Publié le 09 juin 2010 à 10h36 | Mis à jour à 10h36
Série noire pour l'Otan en Afghanistan : 23 morts en 4 jours
Au coucher du soleil, dans un jardin bordé de quelques fleurs, c'est l'heure du recueillement pour les soldats du camp Nathan Smith à Kandahar: l'un des leurs a péri en Afghanistan lors d'une série noire pour l'OTAN qui a perdu 23 hommes en quatre jours.
«La semaine a été difficile, on a pris pas mal de coups. Mais je vous garantis qu'on ne va pas laisser gagner ces bâtards», martèle devant les troupes le lieutenant-colonel Joe Pospolita, plus haut gradé canadien sur le camp.
Autour de lui, des centaines de militaires et de civils venus honorer la mémoire du sergent Martin Goudreault, ingénieur de combat canadien de 35 ans emporté dimanche par une bombe artisanale au sud de Kandahar, dans la province où naquit le mouvement taliban.
«Il m'est arrivé de bosser avec ce gars. Il faisait un super boulot, il sortait tous les jours», raconte Mike, démineur canadien qui préfère taire son nom de famille.
«Il se réveillait tous les matins, comme tout le monde. Tu ne sais jamais ce qui t'attend», souffle-t-il, entouré de Canadiens et d'Américains en uniforme, pour la plupart à peine âgés de 20 ans.
«Cette cérémonie est importante, mais on fera vraiment le deuil plus tard, une fois rentré à la maison, simplement parce qu'on doit rester concentré sur la mission», conclut Mike avant d'aller saluer la photographie du défunt, sobrement encadrée de noir.
Après avoir perdu cinq soldats dimanche en Afghanistan, les forces internationales ont connu lundi leur journée la plus meurtrière au combat depuis près de deux ans, avec dix morts -- sept Américains, deux Australiens et un Français. Mardi, trois autres soldats ont péri dans le sud. Et mercredi, quatre soldats ont péri dans le crash d'un hélicoptère abattu par les talibans.
En moyenne, depuis un an, un à deux hommes de l'OTAN meurent chaque jour sur le théâtre afghan.
Parmi les victimes des derniers jours figure aussi un sous-traitant privé américain, tué dans l'attaque du centre régional d'entraînement de la police afghane, non loin du camp. Il devait retrouver sa femme et ses deux enfants dans une dizaine de jours.
«Lui, c'était son meilleur ami», glisse un soldat en désignant un collègue de la victime, la tête basse.
«C'est important de ne jamais oublier ce qui se passe au-delà de ces murs», commente Eli Gerhard, ingénieur de l'armée américaine venu rendre hommage à son collègue canadien.
En guise de piqûre de rappel, trois roquettes ont visé le camp la veille au soir. Aucune n'a atteint sa cible, mais des coups de feu ont retenti dans la nuit pendant un bon quart d'heure.
Au-delà du danger, pour Eli, le pire c'est l'oubli, la télécommande qui change de chaîne après l'annonce au son d'un nouveau mort en Afghanistan.
«Essayez de me donner le nom de trois soldats morts au cours des six derniers mois», lance-t-il comme un défi.
Haut gradé américain dans le sud afghan, le général Ben Hodges craint de son côté que les lourdes pertes des derniers jours érodent un peu plus le soutien populaire à la guerre.
«Quand on perd cinq hommes en une journée, ça attire l'attention. Les Américains, comme la plupart des autres pays de la coalition, ont montré qu'ils étaient prêts à payer le prix si ça en valait la peine. Mais ça ne va pas toujours durer».
http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201006/09/01-4288281-serie-noire-pour-lotan-en-afghanistan-23-morts-en-4-jours.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_moyen-orient_291_section_POS1
