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Réactions d'un militaire campivallensien en Afghanistan
Major Jason Langelier, Le Soleil de Valleyfield, 27 oct 07
article en francais - GoogleEngish
Ce message est pour faire suite aux propos de Mme Asselin publiés le 13 octobre dernier dans un texte intitulé "Pourquoi, déjà, l'Afghanistan?". Je tiens à débuter en mentionnant que je suis militaire et je sers présentement en Afghanistan sous la bannière du Canada. Je commande 150 valeureux soldats du Royal 22e Régiment et nous œuvrons quotidiennement dans l'ensemble de la province de Kandahar.
Votre article a soulevé suffisamment mon attention pour répondre à vos propos. Je ne parle aucunement au nom du gouvernement en place ou des forces canadiennes, mais bel et bien comme militaire servant son pays, comme Canadien et plus encore, comme Campivallensien.
Premièrement je tiens à vous assurer que les données que vous avez sur la culture d'opium ne sont pas tout à fait exactes. Bien que l'ensemble de la production d'opium en Afghanistan ait augmenté grâce à de nombreux facteurs, le pourcentage des provinces du pays ayant totalement éliminé la culture de l'opium a augmenté. Sur ce, beaucoup de progrès est fait à cet égard mais nous, la communauté internationale, ne pouvons agir plus vite que l'économie de remplacement locale.
Pour ce qui est de la campagne de relations publiques, vous pourrez juger comme vous le voulez. Toutefois, c'est selon moi, une opportunité créée pour nous, afin d'informer la population sur notre mission et nos tâches et de susciter l'appui de la population, parents, amis et famille, un appui tant requis pour nous, les soldats, sur le terrain pour que nous puissions représenter les valeurs du Canada dans un pays en grand besoin. Nous n'avons aucunement besoin, selon moi, de légitimer notre déploiement. Vous, comme population au sein d'un système démocratique, avez élu des gouvernements en place et qui ont tous pris des décisions dans les meilleurs intérêts du pays et de l'humanité.
Nous croyons sincèrement que nous faisons une différence et que les développements quotidiens contribuent envers l'état final. Permettre aux Afghans de mettre sur pied leurs routes, écoles, marchés, leur système judiciaire, usine de traitement d'eau, creuser des canaux d'irrigation, fêter leur indépendance, entraîner leur police et armée, etc. sont parmi les nombreux avancements dont nous pouvons témoigner continuellement. Instaurer la liberté de mouvement pour tous est un des piliers de stabilité le plus important dans le pays et c'est essentiel au développement socio-économique.
Vous dites que nous devrions au départ travailler à la reconstruction du pays avec les Américains et que ces derniers ont fait faux bond. Je constate que vos sources sont tout à fait erronées. Je suis le commandant de la force de protection pour l'équipe de reconstruction provinciale de Kandahar, et je peux vous témoigner personnellement qu'il y a énormément de développement, et reconstruction, tant au niveau du Canada, grâce au MAECI (Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international), à l'ACDI (Agence canadienne de développement internationale), du SCC (Service correctionnel Canada), de la GRC, sans parler de l'implication du MDN (Ministère de la défense nationale). Et que font les Américains... ils sont avec nous! Nous avons des représentants américains, soient USAID (équivalent américain de ACDI) et USDOS (US Department of State), qui sont co-localisés avec nous et qui s'efforcent de développer et reconstruire la province de Kandahar avec nous.
Vous avez aujourd'hui la liberté de parole et de vote et c'est exactement ce que nous faisons ici : rendre la liberté au peuple afghan. Cela serait égoïste de ma part de ne pas respecter votre droit de parole, mais le peuple canadien a le droit de savoir les vérités, sans continuellement se faire accuser de faire une campagne de publicité.
Je ne suis pas, et mes soldats ne sont pas, de la chair à canon. Nous sommes tous volontaires, et je redis : VOLONTAIRES. Volontaires pour servir notre pays, volontaires pour aider la cause des Afghans. Nous sommes des soldats professionnels, bien entraînés, bien équipés et bien appuyés par nos familles et amis pour performer, physiquement et psychologiquement, en toute confiance vers les tâches assignées.
Nous comprenons les raisons de notre déploiement, nous sommes tous conscients des risques et nous sommes constamment témoins des progrès. Les femmes, enfants et hommes ont retrouvé leur liberté, le système d'éducation s'améliore, tant pour les fils que pour les filles afghanes, les systèmes judiciaire et pénitencier ont fait de grands pas, le système de santé se développe et s'apprivoise d'une autonomie de plus en plus grandissante, la force de sécurité afghane devient de plus en plus professionnelle, et plus encore.
Il ne faut pas se faire d'illusion. L'Afghanistan était, au début du siècle, plus pauvre que la majorité des pays du tiers monde en Afrique. Cela fait des dizaines d'années que nous sollicitons des fonds pour l'Afrique, et ils en ont encore de besoin. C'est un processus qui ne s'accomplit pas en claquant des doigts. Le peuple afghan doit croire en son système à lui, au niveau de district, de province, et du pays entier. Cela prend un certain temps. Cessez de juger cette mission par le temps, mais par les accomplissements et les raisons que nous y sommes.
En terminant, je tiens à vous remercier pour la sensibilité que vous éprouvée à notre égard, une mention que vous aviez faite dans votre article, et cela n'a pas passé inaperçu. Nous, comme militaires, ne cherchons ni remerciements ou de publicité pour le travail accompli. C'est un peu notre grand défaut, l'incapacité de nous vanter. Toutefois, nous comprenons grandement l'importance de l'appui des citoyens lors d'une mission de la sorte et lorsque nous sommes témoins de l'appui en question, cela donne une poussée de motivation. Je tiens, par le fait même à remercier parents et amis de la ville de Valleyfield et M. Lapointe (Maire) pour l'appui fidèle que vous nous témoigné.
Major Jason Langelier
Commandant de la compagnie D
Force de protection de l'équipe de reconstruction provinciale
3ième Bataillon Royal 22e Régiment
Camp Nathan Smith, Kandahar
Major Jason Langelier, Le Soleil de Valleyfield, 27 oct 07
article en francais - GoogleEngish
Ce message est pour faire suite aux propos de Mme Asselin publiés le 13 octobre dernier dans un texte intitulé "Pourquoi, déjà, l'Afghanistan?". Je tiens à débuter en mentionnant que je suis militaire et je sers présentement en Afghanistan sous la bannière du Canada. Je commande 150 valeureux soldats du Royal 22e Régiment et nous œuvrons quotidiennement dans l'ensemble de la province de Kandahar.
Votre article a soulevé suffisamment mon attention pour répondre à vos propos. Je ne parle aucunement au nom du gouvernement en place ou des forces canadiennes, mais bel et bien comme militaire servant son pays, comme Canadien et plus encore, comme Campivallensien.
Premièrement je tiens à vous assurer que les données que vous avez sur la culture d'opium ne sont pas tout à fait exactes. Bien que l'ensemble de la production d'opium en Afghanistan ait augmenté grâce à de nombreux facteurs, le pourcentage des provinces du pays ayant totalement éliminé la culture de l'opium a augmenté. Sur ce, beaucoup de progrès est fait à cet égard mais nous, la communauté internationale, ne pouvons agir plus vite que l'économie de remplacement locale.
Pour ce qui est de la campagne de relations publiques, vous pourrez juger comme vous le voulez. Toutefois, c'est selon moi, une opportunité créée pour nous, afin d'informer la population sur notre mission et nos tâches et de susciter l'appui de la population, parents, amis et famille, un appui tant requis pour nous, les soldats, sur le terrain pour que nous puissions représenter les valeurs du Canada dans un pays en grand besoin. Nous n'avons aucunement besoin, selon moi, de légitimer notre déploiement. Vous, comme population au sein d'un système démocratique, avez élu des gouvernements en place et qui ont tous pris des décisions dans les meilleurs intérêts du pays et de l'humanité.
Nous croyons sincèrement que nous faisons une différence et que les développements quotidiens contribuent envers l'état final. Permettre aux Afghans de mettre sur pied leurs routes, écoles, marchés, leur système judiciaire, usine de traitement d'eau, creuser des canaux d'irrigation, fêter leur indépendance, entraîner leur police et armée, etc. sont parmi les nombreux avancements dont nous pouvons témoigner continuellement. Instaurer la liberté de mouvement pour tous est un des piliers de stabilité le plus important dans le pays et c'est essentiel au développement socio-économique.
Vous dites que nous devrions au départ travailler à la reconstruction du pays avec les Américains et que ces derniers ont fait faux bond. Je constate que vos sources sont tout à fait erronées. Je suis le commandant de la force de protection pour l'équipe de reconstruction provinciale de Kandahar, et je peux vous témoigner personnellement qu'il y a énormément de développement, et reconstruction, tant au niveau du Canada, grâce au MAECI (Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international), à l'ACDI (Agence canadienne de développement internationale), du SCC (Service correctionnel Canada), de la GRC, sans parler de l'implication du MDN (Ministère de la défense nationale). Et que font les Américains... ils sont avec nous! Nous avons des représentants américains, soient USAID (équivalent américain de ACDI) et USDOS (US Department of State), qui sont co-localisés avec nous et qui s'efforcent de développer et reconstruire la province de Kandahar avec nous.
Vous avez aujourd'hui la liberté de parole et de vote et c'est exactement ce que nous faisons ici : rendre la liberté au peuple afghan. Cela serait égoïste de ma part de ne pas respecter votre droit de parole, mais le peuple canadien a le droit de savoir les vérités, sans continuellement se faire accuser de faire une campagne de publicité.
Je ne suis pas, et mes soldats ne sont pas, de la chair à canon. Nous sommes tous volontaires, et je redis : VOLONTAIRES. Volontaires pour servir notre pays, volontaires pour aider la cause des Afghans. Nous sommes des soldats professionnels, bien entraînés, bien équipés et bien appuyés par nos familles et amis pour performer, physiquement et psychologiquement, en toute confiance vers les tâches assignées.
Nous comprenons les raisons de notre déploiement, nous sommes tous conscients des risques et nous sommes constamment témoins des progrès. Les femmes, enfants et hommes ont retrouvé leur liberté, le système d'éducation s'améliore, tant pour les fils que pour les filles afghanes, les systèmes judiciaire et pénitencier ont fait de grands pas, le système de santé se développe et s'apprivoise d'une autonomie de plus en plus grandissante, la force de sécurité afghane devient de plus en plus professionnelle, et plus encore.
Il ne faut pas se faire d'illusion. L'Afghanistan était, au début du siècle, plus pauvre que la majorité des pays du tiers monde en Afrique. Cela fait des dizaines d'années que nous sollicitons des fonds pour l'Afrique, et ils en ont encore de besoin. C'est un processus qui ne s'accomplit pas en claquant des doigts. Le peuple afghan doit croire en son système à lui, au niveau de district, de province, et du pays entier. Cela prend un certain temps. Cessez de juger cette mission par le temps, mais par les accomplissements et les raisons que nous y sommes.
En terminant, je tiens à vous remercier pour la sensibilité que vous éprouvée à notre égard, une mention que vous aviez faite dans votre article, et cela n'a pas passé inaperçu. Nous, comme militaires, ne cherchons ni remerciements ou de publicité pour le travail accompli. C'est un peu notre grand défaut, l'incapacité de nous vanter. Toutefois, nous comprenons grandement l'importance de l'appui des citoyens lors d'une mission de la sorte et lorsque nous sommes témoins de l'appui en question, cela donne une poussée de motivation. Je tiens, par le fait même à remercier parents et amis de la ville de Valleyfield et M. Lapointe (Maire) pour l'appui fidèle que vous nous témoigné.
Major Jason Langelier
Commandant de la compagnie D
Force de protection de l'équipe de reconstruction provinciale
3ième Bataillon Royal 22e Régiment
Camp Nathan Smith, Kandahar
