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Les neuf vies d'un parachutiste - Le Droit

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Patrice Gaudreault
Le Droit
Publié le 05 mai 2010 à 20h45 | Mis à jour le 05 mai 2010 à 20h48

Jan de Vries, un Canadien des Pays-Bas

Les neuf vies d'un parachutiste

(Wageningen, Pays-Bas) La toute première fois qu'il s'est jeté d'un avion en plein vol, Jan de Vries n'a pas bronché. Habité par l'insouciance de ses 19 ans, il s'est simplement lancé dans le vide, quitte à utiliser l'une de ses neuf vies. « Je me suis dit que le gouvernement ne voudrait pas gaspiller un parachute avec moi ! »

Originaire des Pays-Bas, Jan de Vries a six ans lorsque sa famille immigre au Canada, dans l'entre-deux-guerres, en 1930. Dès qu'il atteint la majorité, il se présente à un bureau de recrutement de l'Aviation royale canadienne. « Ils m'ont dit que je devais faire partie des troupes au sol, parce que j'étais légèrement daltonien. Je leur ai répondu d'oublier ça », raconte l'homme de 86 ans à la voix rocailleuse.

Le printemps suivant, il aperçoit une compagnie de parachutistes canadiens marchant dans la rue, l'allure fière, avec leurs grandes bottes brunes et leurs bérets. « Je me suis dit : ils ont de la gueule ! »

Dans le temps de le dire, Jan de Vries se retrouve à Winnipeg pour un entraînement de quatre semaines. « Ils nous rendaient la vie misérable, dit-il. Ils nous répétaient constamment qu'on n'avait pas l'estomac pour être des parachutistes. Mais j'étais entêté. »


Nous sommes en 1943. La guerre fait rage en Europe, où les troupes canadiennes encaissent des pertes importantes. Avant même d'avoir effectué son premier saut d'entraînement, Jan de Vries est envoyé en Angleterre. « Ils avaient besoin de tout le monde disponible. Ils m'ont agrippé et m'ont donné un béret marron et une paie. »

Membre de l'unité d'assaut du 1er Bataillon canadien de parachutistes, il combattra en Normandie, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Le 7 août 1944, il est atteint par un tireur embusqué, dans la campagne normande. « Habituellement, ils vous avaient dans le front ou dans la gorge. Moi, ils m'ont raté de deux pouces pour m'atteindre à l'épaule. J'ai été chanceux. »

Jan de Vries échappera plusieurs fois à la mort, pendant la Seconde Guerre mondiale. Son saut au-dessus du Rhin, vers l'Allemagne, donne froid dans le dos. « J'entendais les balles siffler à mes oreilles. J'ai regardé au-dessus de moi ; mon parachute était plein de trous ! Le vent m'a envoyé dans les arbres, où je suis resté accroché à sept pieds du sol. Pendant une demi-heure, je voyais les branches tomber autour de moi, sous le feu d'une mitrailleuse. J'ai survécu. »

En Allemagne, il souffre d'une sérieuse infection à un pied, qui l'empêche d'enfiler ses bottes. Il attrape un petit soulier allemand, dont il coupe le talon. « C'est comme ça que j'ai traversé l'Allemagne, dit-il. Les temps étaient durs. »

Cette blessure à un pied le forcera à battre en retraite, dans un hôpital belge. Il apprend alors que les parachutistes canadiens sont rappelés au pays. Jan de Vries, lui, ne rentrera pas au Canada avant 1946. « À mon retour, j'ai pris un tramway et je suis retourné à la maison, sans fanfare ni rien. J'ai raté la fête », regrette le résidant de Pickering, en Ontario.

Plus tôt cette semaine, le vétéran au béret marron a visité le cimetière de Groesbeek, où 26 de ses compagnons sont enterrés, de même que celui de Holten, qui compte 14 des siens. « C'est triste », dit-il.

Hier, par contre, c'était jour de fête à Wageningen, où il participait à la marche de la libération, sous les applaudissements du peuple néerlandais. « Je suis un survivant. Il me reste encore au moins une vie. »
 
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