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Afghanistan: quand la soif d'apprendre est plus forte que la peur - AFP

Alea

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Daphné Benoît
Agence France-Presse
Kandahar
Publié le 07 juillet 2010 à 08h29 | Mis à jour à 08h36


Afghanistan: quand la soif d'apprendre est plus forte que la peur


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Les étudiantes en médecine à Kandahar, bastion des talibans, bravent l'insécurité pour aller chaque jour à l'université. Un devoir, disent-elles, envers leur société qu'elles veulent faire avancer. Récit.

«À Kandahar, il n'y aucune sécurité», explique Sharifa, tout juste sortie d'un examen de fin d'année. Mais, poursuit-elle, «on veut aider les femmes. Si elles n'ont pas le droit d'aller voir un homme médecin, quel choix ont-elles s'il n'existe pas de femmes docteurs ?».

La jeune fille brune, coiffée d'un voile coloré, fait partie de la cinquantaine de femmes inscrites à l'université de Kandahar, la grande ville du sud, sur un total de 1 350 étudiants.

Un rare privilège dans un pays où seulement un peu plus d'un quart de la population sait lire et écrire. Ce taux chute à 12% dans le cas des femmes.

Sous le régime taliban (1996-2001), les filles avaient interdiction formelle d'aller à l'école. Depuis leur chute, les restrictions se sont assouplies mais au conservatisme ambiant s'ajoute l'intimidation des talibans qui infiltrent Kandahar pour instiller la peur.

Conséquence: pour les jeunes étudiantes, les déplacements quotidiens vers l'université sont risqués. Seuls les garçons bénéficient d'un logement sur le campus. Les filles doivent se débrouiller pour faire le trajet, le plus souvent en payant les services d'un triporteur.

«Certains parents défendent à leurs filles de venir, ils ont peur pour elles. L'université est loin du centre-ville et il n'y pas de transports publics», explique Gulalaï Shirzaï, professeur à la faculté d'agriculture, l'une des six disciplines enseignées à Kandahar avec l'économie, la médecine, l'ingénierie, le droit islamique et l'éducation.

«Dans nos familles, certains ont peur pour nous. Des voisins du quartier demandent aussi pourquoi on me laisse aller à l'université. Ils disent: "c'est une fille, elle n'a pas besoin d'y aller"», raconte Shabnan.

Mais à l'université, leurs camarades de classe masculins les soutiennent, assure-t-elle: «Ils n'arrêtent pas de dire qu'il faut des femmes docteurs».

«On se force à venir ici malgré les menaces, mais c'est pour aider notre pays. Il faut qu'on étudie pour construire l'Afghanistan», et «il faut éduquer les gens pour leur faire comprendre qu'il n'y a rien de mal» à envoyer les filles à l'école, martèle l'étudiante.

À Kandahar, certaines ont déjà payé le prix fort par le passé. Six jeunes filles qui se rendaient au lycée ont été attaquées fin 2008 par des hommes à moto qui les ont aspergées d'acide.

La même année, les soldats canadiens basés dans la province ont construit un mur de trois kilomètres autour du campus universitaire.

«Il est difficile de résoudre les problèmes de sécurité mais ceux de la fac peuvent l'être», lance Leila à l'attention de l'employée américaine de l'agence d'aide au développement USAID venue leur rendre visite, en réclamant «des laboratoires et de l'équipement multimédia». Dépourvue d'internet, l'université dispose d'un maigre budget de 65 000 dollars par an.

Avant de prendre congé, Sharifa et ses camarades disparaissent sous leur burqa, à l'abri des regards.

«On se sent en sécurité avec une burqa. Si la situation s'améliore à Kandahar, on arrêtera de la porter», commente-t-elle.

«Ici, les femmes sont en septième position sur l'échelle des priorités. La première, c'est la guerre», souligne un officier canadien.


http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201007/07/01-4296191-afghanistan-quand-la-soif-dapprendre-est-plus-forte-que-la-peur.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_a-ne-pas-manquer-aujourdhui_294_section_ECRAN1POS2
 
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