Yrys
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Nos voisins, les anciens combattants
(Avec l'hyper lien, PHOTO JOSIE DESMARAIS,
Une affiche en mémoire de Jack Dennison Johnston devant la maison qu’il a habitée à Montréal-Ouest avant de périr, en Allemagne, en 1942.)
Rose-Aimée Automne T. Morin
Collaboration spéciale
Jack Dennison Johnston a péri à 30 ans en volant vers Wurtzbourg, en Allemagne, en 1942. Il avait l’habitude de laisser de l’argent sur la table de chevet de sa mère. Louis MacAdam Duff, lui, est mort en pleine collision entre deux avions quand il avait 27 ans, en 1940. Il était champion national de tennis. Tous deux étaient voisins.
« Ils ont sûrement joué au hockey ensemble dans cette rue », glisse Robert Drummond. Nous sommes devant les maisons que le lieutenant d’aviation et l’aviateur-chef ont jadis habitées, avenue Wolseley, et pour un bref instant, le passé est vivide.
Le Dr Robert Drummond voue son temps libre à retracer le parcours des anciens combattants de Montréal-Ouest depuis maintenant 13 ans. Grâce à lui, tout le mois de novembre, à l’occasion du jour du Souvenir, 47 poteaux électriques présentent des pancartes honorant autant de militaires tombés au combat. On peut également découvrir l’histoire de 40 d’entre eux en consultant des affiches plantées directement sur le terrain de leur ancienne demeure.
'Le but, c’est de garder leur mémoire vivante. Et pour moi, la meilleure façon de le faire, c’est de montrer qu’on est encore voisins. On peut voir où ils habitaient, mais aussi savoir qu’on a fréquenté la même école, la même église ou le même club de golf… On réalise qu’on fait partie de la même communauté.'
Le Dr Robert Drummonde ressuscite les fantômes.
En se rendant maintes fois à Ottawa pour consulter les archives militaires et en retrouvant des membres de leur famille, Robert Drummond est parvenu à retracer l’histoire de 47 des 50 soldats dont le nom est gravé sur le cénotaphe de Montréal-Ouest. Quand il a proposé au maire de la ville d’honorer ces hommes, Beny Masella n’a pas hésité une seconde… C’est même lui qui a cogné à la porte des 40 maisons d’anciens combattants pour demander aux propriétaires s’ils accepteraient qu’une pancarte soit posée sur leur gazon.
Ils ont tous dit oui.
« On a toujours eu une communauté respectueuse des anciens combattants », précise Beny Masella. On peut deviner pourquoi quand on consulte la carte qui désigne où se trouvent les 40 affiches : à peu près toutes les rues de la petite ville ont été touchées par au moins un décès, lors des deux guerres mondiales.
Pour le maire de Montréal-Ouest, « le jour du Souvenir est important, mais il faut se rappeler toute l’année qu’on doit certaines de nos libertés aux sacrifices que ces vétérans ont faits ».
Le travail bénévole de Robert Drummond permet de mettre un visage sur lesdits sacrifices. Des visages, devrais-je écrire.
Les recherches menées par le médecin ont été consignées dans un dépliant offert gratuitement au Centre communautaire de la ville. On peut y lire des faits d’armes, mais aussi des notes intimes sur les militaires disparus de Montréal-Ouest…
Parmi les effets personnels du sous-lieutenant d’aviation Donald Clifford Bissel, on a trouvé six harmonicas et des patins à glace.
L’aviateur Robert Warren Conway était reconnu pour « ses pieds légers [qui] raviss[aient] par leur rythme sauvage », selon son album de finissants.
Gordon William Wright, diplômé en génie électrique, a péri avec 122 officiers et matelots à bord du sous-marin HMS Gould. « Il était très amusant au piano », a écrit le lieutenant Dick Woodward dans une lettre envoyée à la maison.
Ce qui frappe quand on lit leur portrait, c’est l’âge auquel les combattants ont perdu la vie. Ils avaient en moyenne 24 ans, selon Robert Drummond. Des enfants.
Des enfants qui pilotaient des avions.
Robert Drummond a grandi dans une famille de militaires. Sa mère travaillait pour l’armée écossaise et son père a servi lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais ça, on n’en parlait pas, à la maison…
1/3
Si Robert a commencé à faire des recherches, c’est d’abord pour comprendre ce que les vétérans comme son père – son idole – avaient bien pu vivre. Au front, mais chez eux, aussi… Qui étaient-ils ?
Depuis 13 ans, il a de plus en plus de réponses à cette question, mais Robert Drummond ne cessera jamais d’en chercher de nouvelles. En attendant, chaque année, il offre une visite guidée lors de laquelle il raconte l’histoire de six à huit anciens combattants devant ce qui fut leur toit.
Chaque fois, il est fier de voir autant de jeunes familles et d’aînés se rassembler pour honorer la mémoire de « leurs voisins ».
Quand je le félicite pour son dévouement, le médecin me répond qu’il fait tout ça parce que les vétérans le méritent…
Une pause.
« Et bon, je le fais aussi parce que je ne peux pas enseigner le hockey ! Mes voisins ont appris à mes enfants à patiner, mais moi, je n’ai aucune expertise du genre… Ces recherches, c’est tout ce que je peux faire pour ma communauté. Et si ça peut inspirer certaines personnes à faire la même chose dans leur ville, alors je serai heureux ! »
La Promenade du Souvenir est offerte par le Dr Robert Drummond le samedi 9 novembre à 13 h. La cérémonie du Souvenir a lieu ce dimanche.
© La Presse Inc.
(Avec l'hyper lien, PHOTO JOSIE DESMARAIS,
Une affiche en mémoire de Jack Dennison Johnston devant la maison qu’il a habitée à Montréal-Ouest avant de périr, en Allemagne, en 1942.)
Rose-Aimée Automne T. Morin
Collaboration spéciale
Jack Dennison Johnston a péri à 30 ans en volant vers Wurtzbourg, en Allemagne, en 1942. Il avait l’habitude de laisser de l’argent sur la table de chevet de sa mère. Louis MacAdam Duff, lui, est mort en pleine collision entre deux avions quand il avait 27 ans, en 1940. Il était champion national de tennis. Tous deux étaient voisins.
« Ils ont sûrement joué au hockey ensemble dans cette rue », glisse Robert Drummond. Nous sommes devant les maisons que le lieutenant d’aviation et l’aviateur-chef ont jadis habitées, avenue Wolseley, et pour un bref instant, le passé est vivide.
Le Dr Robert Drummond voue son temps libre à retracer le parcours des anciens combattants de Montréal-Ouest depuis maintenant 13 ans. Grâce à lui, tout le mois de novembre, à l’occasion du jour du Souvenir, 47 poteaux électriques présentent des pancartes honorant autant de militaires tombés au combat. On peut également découvrir l’histoire de 40 d’entre eux en consultant des affiches plantées directement sur le terrain de leur ancienne demeure.
'Le but, c’est de garder leur mémoire vivante. Et pour moi, la meilleure façon de le faire, c’est de montrer qu’on est encore voisins. On peut voir où ils habitaient, mais aussi savoir qu’on a fréquenté la même école, la même église ou le même club de golf… On réalise qu’on fait partie de la même communauté.'
Le Dr Robert Drummonde ressuscite les fantômes.
En se rendant maintes fois à Ottawa pour consulter les archives militaires et en retrouvant des membres de leur famille, Robert Drummond est parvenu à retracer l’histoire de 47 des 50 soldats dont le nom est gravé sur le cénotaphe de Montréal-Ouest. Quand il a proposé au maire de la ville d’honorer ces hommes, Beny Masella n’a pas hésité une seconde… C’est même lui qui a cogné à la porte des 40 maisons d’anciens combattants pour demander aux propriétaires s’ils accepteraient qu’une pancarte soit posée sur leur gazon.
Ils ont tous dit oui.
« On a toujours eu une communauté respectueuse des anciens combattants », précise Beny Masella. On peut deviner pourquoi quand on consulte la carte qui désigne où se trouvent les 40 affiches : à peu près toutes les rues de la petite ville ont été touchées par au moins un décès, lors des deux guerres mondiales.
Pour le maire de Montréal-Ouest, « le jour du Souvenir est important, mais il faut se rappeler toute l’année qu’on doit certaines de nos libertés aux sacrifices que ces vétérans ont faits ».
Le travail bénévole de Robert Drummond permet de mettre un visage sur lesdits sacrifices. Des visages, devrais-je écrire.
Les recherches menées par le médecin ont été consignées dans un dépliant offert gratuitement au Centre communautaire de la ville. On peut y lire des faits d’armes, mais aussi des notes intimes sur les militaires disparus de Montréal-Ouest…
Parmi les effets personnels du sous-lieutenant d’aviation Donald Clifford Bissel, on a trouvé six harmonicas et des patins à glace.
L’aviateur Robert Warren Conway était reconnu pour « ses pieds légers [qui] raviss[aient] par leur rythme sauvage », selon son album de finissants.
Gordon William Wright, diplômé en génie électrique, a péri avec 122 officiers et matelots à bord du sous-marin HMS Gould. « Il était très amusant au piano », a écrit le lieutenant Dick Woodward dans une lettre envoyée à la maison.
Ce qui frappe quand on lit leur portrait, c’est l’âge auquel les combattants ont perdu la vie. Ils avaient en moyenne 24 ans, selon Robert Drummond. Des enfants.
Des enfants qui pilotaient des avions.
Robert Drummond a grandi dans une famille de militaires. Sa mère travaillait pour l’armée écossaise et son père a servi lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais ça, on n’en parlait pas, à la maison…
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Si Robert a commencé à faire des recherches, c’est d’abord pour comprendre ce que les vétérans comme son père – son idole – avaient bien pu vivre. Au front, mais chez eux, aussi… Qui étaient-ils ?
Depuis 13 ans, il a de plus en plus de réponses à cette question, mais Robert Drummond ne cessera jamais d’en chercher de nouvelles. En attendant, chaque année, il offre une visite guidée lors de laquelle il raconte l’histoire de six à huit anciens combattants devant ce qui fut leur toit.
Chaque fois, il est fier de voir autant de jeunes familles et d’aînés se rassembler pour honorer la mémoire de « leurs voisins ».
Quand je le félicite pour son dévouement, le médecin me répond qu’il fait tout ça parce que les vétérans le méritent…
Une pause.
« Et bon, je le fais aussi parce que je ne peux pas enseigner le hockey ! Mes voisins ont appris à mes enfants à patiner, mais moi, je n’ai aucune expertise du genre… Ces recherches, c’est tout ce que je peux faire pour ma communauté. Et si ça peut inspirer certaines personnes à faire la même chose dans leur ville, alors je serai heureux ! »
La Promenade du Souvenir est offerte par le Dr Robert Drummond le samedi 9 novembre à 13 h. La cérémonie du Souvenir a lieu ce dimanche.
© La Presse Inc.