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Le Kirghizistan au bord de la guerre civile - AFP

Alea

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Tolkoun Namatbaïeva
Agence France-Presse
Bichkek
Publié le 13 juin 2010 à 09h12 | Mis à jour à 15h33


Le Kirghizistan au bord de la guerre civile


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Le Kirghizistan a étendu dimanche l'état d'urgence dans le sud de ce pays d'Asie centrale et ordonné à ses forces de «faire feu à volonté» pour endiguer des violences ethniques qui ont fait au moins 104 morts et des dizaines de milliers de réfugiés.

Conséquence de ces affrontements, 32 000 réfugiés adultes ont été enregistrés en Ouzbékistan, pays voisin, la plupart étant accompagnés d'enfants que les autorités ouzbèkes n'ont pas pu comptabiliser, a déclaré à l'AFP un responsable du ministère ouzbek des Situations d'urgence, Abror Kossimov.

Un policier ouzbek au poste-frontière à Iorkichlok a quant à lui indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que 125 000 personnes avaient fui les violences entre Kirghiz et la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizistan, après avoir totalisé les réfugiés de plusieurs districts de la région.

A Bichkek, capitale kirghize, le ministère de la Défense a annoncé la mobilisation des réservistes de l'armée, âgés de 18 à 50 ans, et le début de «l'organisation de la mobilisation partielle de la population civile».

Désormais, les policiers doivent «recourir aux armes de service et faire feu à volonté», a renchéri le ministre de l'Intérieur par intérim, Bolot Cher.

Les forces de l'ordre ont été autorisées à tirer sans sommation dès samedi soir pour tenter de rétablir l'ordre après l'escalade des tensions dans cette ancienne république soviétique au bord de la guerre civile.

Les affrontements ethniques entre Ouzbeks et Kirghiz y ont gagné en intensité, alors que le bilan provisoire a été porté à 104 morts et plus de 1200 blessés.

Signe que la situation se détériorait, un couvre-feu de 24 heures sur 24 à été décrété à Och, deuxième ville du pays, et dans deux districts avoisinants. Cette mesure était auparavant en vigueur seulement la nuit.

L'état d'urgence a aussi été étendu à l'ensemble de la région voisine de Djalal-Abad, bastion du président Kourmanbek Bakiev renversé en avril, où les violences se sont propagées samedi depuis Och.

Au regard de témoignages recueillis par l'AFP et de nombreux médias russes et kirghiz, le nombre des victimes pourrait être beaucoup plus élevé.

«Ils nous tuent tous, nous les Ouzbeks les uns après les autres! J'ai fui, je ne sais pas ce qui est arrivé à mes enfants et mes petits-enfants», raconte Rani, 52 ans, qui a fui Och pour l'Ouzbékistan.

Dans la ville de Djalal-Abad et sa région, des fusillades nourries et des incendies ont éclaté dimanche, selon des témoins et des médias locaux, mais la situation s'est stabilisée dans la soirée, a indiqué le gouverneur de la région, Bektour Assanov.

L'ex-président kirghiz Kourmanbek Bakiev, réfugié à l'étranger depuis le soulèvement meurtrier d'avril, a assuré n'avoir aucun lien avec ces nouvelles violences.

Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «alarmé par l'ampleur des affrontements, la nature interethnique des violences et le nombre de victimes et de déplacés», tandis que le président russe, Dmitri Medvedev, a appelé à «rétablir l'ordre le plus rapidement possible» et à «mettre fin au conflit interethnique».

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis au Kirghizistan a de nouveau fait part de «sa vive inquiétude» et appelé les parties «à renoncer à la violence». La stabilité du Kirghizistan est primordiale pour Washington qui dispose près de Bichkek d'une base importante pour ses troupes en Afghanistan.

La Russie, qui dispose également d'une base à Kant, dans le nord, y a dépêché 150 parachutistes arrivés dimanche pour renforcer la protection des installations et du personnel militaires russes, ont confirmé les autorités russes.

Ces affrontements sont les pires violences depuis la révolte d'avril (87 morts) qui a chassé Bakiev et porté au pouvoir l'actuel gouvernement provisoire.

Des affrontements avaient déjà ensanglanté en mai la région de Djalal-Abad.

Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizistan) et les Kirghiz sont tendues, notamment en raison de disparités économiques au détriment des Ouzbeks. De puissants groupes mafieux sont également actifs dans cette région.


http://www.cyberpresse.ca/international/asie-oceanie/201006/13/01-4289516-le-kirghizistan-au-bord-de-la-guerre-civile.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_asie-oceanie_290_section_POS1
 
Frédérick Lavoie, Collaboration spéciale
Cyberpresse
Publié le 14 juin 2010 à 14h59 | Mis à jour le 15 juin 2010 à 10h30


Kirghizstan: les réfugiés fuient par milliers


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(Moscou) Pour la quatrième journée, les violences interethniques se sont poursuivies hier dans le sud du Kirghizistan. Le bilan provisoire de 138 morts et de 1761 blessés serait largement sous-estimé. La Russie et ses alliés ex-soviétiques ayant exclu une fois de plus hier l'envoi rapide d'une force de maintien de la paix, rien ne semble pouvoir arrêter les violences à court terme.

Hier, les réfugiés d'ethnie ouzbèke ont continué d'affluer du Kirghizistan vers les camps de réfugiés installés en Ouzbékistan voisin. Tellement qu'en fin de soirée, les autorités ouzbèkes débordées ont fermé la frontière et lancé un appel à l'aide internationale.

En quatre jours, ils sont plus de 100 000 (45 000 adultes et leurs enfants) à avoir traversé la frontière kirghizo-ouzbèke.

À Och et à Djalal-Abad, deuxième et troisième villes en importance au pays, la situation restait très tendue hier. L'agence kirghize AKIpress a rapporté qu'à Djalal-Abad, un «groupe de jeunes gens armés portant des brassards avec le slogan «S'il y a des Ouzbeks, on va leur tirer dessus»» sillonnait la ville.

Plusieurs Kirghizes auraient aussi inscrit leur appartenance ethnique à la peinture sur leur voiture afin d'éviter d'être la cible de tirs.

Selon des témoignages qu'a recueillis l'AFP, des réfugiés d'ethnie ouzbèke accusent l'armée kirghize régulière, théoriquement sous l'autorité du gouvernement provisoire, d'ouvrir la voie aux bandes armées kirghizes pour qu'elles commettent un «génocide planifié» contre la minorité ouzbèke du pays.

Mais la maîtrise de la situation par le gouvernement est limitée. Tout comme la maîtrise de l'armée par les politiciens à la tête du pays. La présidente intérimaire, Rosa Otounbaïeva, a reconnu dès le début de la crise l'impuissance de son gouvernement devant le risque de guerre civile.

Selon plusieurs analystes, son prédécesseur déchu, Kourmanbek Bakiev, aurait mis le feu aux tensions ethniques latentes dans le Sud, où il dispose toujours d'appuis importants et armés, dans l'espoir de regagner le contrôle d'une partie du pays. L'ex-président, en exil en Biélorussie, nie cette allégation.

Refus russe

Sans hésitation, Rosa Otounbaïeva a réclamé dès le début de la crise l'ingérence de Moscou, arbitre naturel des conflits dans la plupart des ex-républiques soviétiques.

Mais le président russe, Dmitri Medvedev, n'a pas eu le même empressement à intervenir dans ce conflit, «interne» selon lui, que lors de la guerre dans la république séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, en août 2008. C'est qu'au Kirghizistan, les intérêts russes ne sont pas contestés.

Pour la plupart des observateurs, la seule option pour faire cesser rapidement les violences interethniques serait l'envoi d'une force de maintien de la paix russe ou de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe sept ex-républiques soviétiques.

Or, en réunion d'urgence hier à Moscou, les secrétaires des pays membres ont rejeté l'idée d'un déploiement rapide de leurs soldats dans le sud du Kirghizistan, indiquant que cette mesure devrait être bien «réfléchie» avant d'être prise.


http://www.cyberpresse.ca/international/asie-oceanie/201006/14/01-4289899-kirghizstan-les-refugies-fuient-par-milliers.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_correspondants_293_section_POS2
 
Frédérick Lavoie
La Presse
Publié le 17 juin 2010 à 07h30 | Mis à jour le 17 juin 2010 à 07h37


Les blessures seront longues à cicatriser au Kirghizistan


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(Och, Kirghizistan) Épicentre des violences interethniques qui ravagent le sud du Kirghizistan depuis vendredi dernier, Och, deuxième ville du pays, est aujourd'hui défigurée et vidée de milliers de ses habitants en fuite, tout comme le village voisin de Chark. Des Kirghiz, majoritaires, et des Ouzbeks, minoritaires, accusent les élites politiques d'avoir instrumentalisé les tensions pour faire avancer leurs intérêts. Les blessures seront longues à cicatriser, explique notre correspondant.

Pour se rendre dans le village de Chark, à la sortie d'Och, il faut changer de voiture. Le chauffeur, kirghiz, n'ose plus s'aventurer dans les endroits peuplés d'Ouzbeks. Et inversement.

À Chark, le ressentiment est grand, mais personne ne peut nommer avec certitude les coupables des attaques qui ont dévasté le village. «L'armée ouvrait le passage en camion blindé puis d'autres nous attaquaient, certains en uniforme, d'autres non. Difficile de dire s'ils étaient soldats ou non», explique Darvan Badalov, 35 ans, en montrant les vestiges de dizaines de maisons et commerces incendiés.

Les femmes et les enfants du village ont pour la plupart fui. Les hommes, sans armes apparentes, ont installé des barricades sur la chaussée, craignant de nouvelles agressions.

Devant l'école primaire à moitié rasée par les flammes, Takhir Ousmanov raconte l'histoire de son fils, tué par un tireur dimanche alors qu'il tentait d'éteindre le troisième incendie à toucher l'école en trois jours.

Le géologue de 59 ans n'en veut toutefois pas aux Kirghiz, même s'il pense que certains d'entre eux sont à l'origine des troubles. «Il n'y a pas de mauvaise nation, il n'y a que de mauvaises personnes», dit-il, avant d'ajouter avoir reçu les condoléances de plusieurs collègues et amis kirghiz depuis la mort de son fils.

Selon les habitants du village, les vrais coupables sont les politiciens. Et pas seulement Kourmanbek Bakiev, le président renversé par de violentes manifestations en avril, que le gouvernement intérimaire de Roza Otounbaïeva accuse d'avoir allumé la mèche d'un conflit ethnique latent afin de reprendre les rênes de l'État. «Le gouvernement provisoire avait besoin de ce chaos pour se maintenir», lance un villageois. «Bakiev et le gouvernement cherchent à se partager le pouvoir sur le dos du peuple ouzbek», renchérit un autre.

Takhir a bon espoir qu'Ouzbeks et Kirghiz puissent vivre à nouveau ensemble. Il est toutefois moins optimiste quant aux chances de voir le Kirghizistan redevenir l'îlot de stabilité et de relative démocratie en Asie centrale qu'il était depuis la chute de l'URSS. «Je voudrais bien dire que j'attends des gens honnêtes pour prendre la tête du pays, mais je suis certain que les prochains seront encore des bandits.»

La vie reprend son cours à Och

À quelques kilomètres de Chark, dans le centre-ville d'Och, la vie commençait timidement à reprendre son cours hier après-midi. Dans l'une des rues principales, des marchands étalaient oignons, pommes de terre, concombres, pain, abricots et autres produits sur des couvertures posées à même le sol. Devant eux, des commerces calcinés et d'autres épargnés par les incendiaires.

Les nombreux graffitis «Mort aux Ouzbeks» n'ont toutefois rien pour rassurer la minorité. Ni les milices kirghizes aux allégeances floues qui sillonnent la ville, kalachnikov en bandoulière.

La mixité habituelle du centre-ville n'est plus visible. Pas un commerçant ouzbek n'ose y tenir boutique. Les quelques clients appartenant à l'ethnie minoritaire, qui compte pour plus de 40% de la population d'Och, passent rapidement faire leurs emplettes et repartent aussitôt.

Employée d'une coopérative agricole, la Kirghize Bouroul Bourjebaïeva est convaincue que les deux communautés n'ont rien à gagner dans ces troubles. «C'est l'élite qui crée la division, pas le peuple.»

Juste à côté, le boulanger Bekbolot blâme plutôt les Ouzbeks, devenus récemment «trop gourmands» à son goût dans leurs revendications. «Pourquoi veulent-ils l'autonomie, la reconnaissance de leur langue et de hauts postes dans l'administration? Si ça ne leur plaît pas, ici, ils peuvent retourner dans leur patrie historique, l'Ouzbékistan.»


http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/violences-ethniques-au-kirghizistan/201006/17/01-4290807-les-blessures-seront-longues-a-cicatriser-au-kirghizistan.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_correspondants_293_section_POS1
 
Antoine Lambroschini
Agence France-Presse
Och, Kirghizistan
Publié le 18 juin 2010 à 12h26 | Mis à jour à 19h27


Kirghizistan: près de 2000 morts, dit la présidente 


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La présidente par intérim du Kirghizistan a reconnu vendredi que les violences interethniques avaient fait probablement près de 2000 morts -dix fois plus que le bilan officiel- à l'occasion d'une visite dans le Sud du pays ravagé par les affrontements.

L'Organisation mondiale de la Santé a, elle, indiqué que les émeutes des jours derniers auraient «affecté directement ou indirectement» un million de personnes dans cette ancienne république soviétique d'Asie centrale.

Ces chiffres -300 000 réfugiés et 700 000 déplacés à l'intérieur du pays- constituent «le pire scénario», a confié à l'AFP Giuseppe Annunziata, coordonnateur du programme d'aide d'urgence de l'OMS.

Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Asie centrale et du Sud, Robert Blake, a exigé une «enquête indépendante» et enjoint le Kirghizistan de faire «cesser les violences qui entraînent un flot de réfugiés» en Ouzbékistan, pays voisin où il effectuait une visite.

Le président ouzbek, Islam Karimov, a attribué ces violences à «une tierce partie» voulant provoquer un conflit entre son pays et le Kirghizistan.

«Ni les Ouzbeks ni les Kirghiz ne sont à blâmer, car ces évènements sanglants ont été organisés par une tierce partie», a déclaré le président Karimov cité par l'agence russe RIA Novosti.

«Ceux qui ont organisé cette provocation veulent entraîner l'Ouzkékistan dans ce conflit, mais l'Ouzbékistan ne s'impliquera jamais dans de tels conflits en territoire étranger et ne le permettra pas», a-t-il ajouté.

Auparavant, la présidente par intérim kirghize, Rosa Otounbaïeva, avait rencontré des habitants à Och, deuxième ville du pays particulièrement touchée par les violences.

Portant un gilet pare-balles, Mme Otounbaïeva a atterri en hélicoptère et s'est exprimée devant un petit nombre de personnes sur la place centrale: «Je suis venue ici pour parler avec les gens et écouter ce qu'ils disent sur ce qui s'est passé».

Avant de quitter la capitale Bichkek, Mme Otounbaïeva a reconnu que le nombre de victimes des violences était nettement supérieur au bilan officiel, comme l'avaient déjà indiqué à l'AFP des habitants des régions dévastées.

«Je multiplierais par dix les chiffres officiels» qui font état de 192 morts et plus de 2000 blessés, a-t-elle déclaré au quotidien russe Kommersant.

Au cours d'une réunion avec des représentants de la société civile à Och, elle a atténué ses propos en disant que le bilan final serait «au minimum plusieurs fois supérieur» aux chiffres officiels.

«Ce n'est pas qu'on cache la vérité, c'est qu'on n'a pas non plus les chiffres. Les gens ont enterré et enterrent les corps sur place», sans le signaler aux autorités, a expliqué Mme Otounbaïeva.

Interrogée sur les conflits entre Kirghiz et la minorité ouzbèke de ce pays de 5,3 millions d'habitants, elle a reconnu que les tensions étaient «toujours élevées» et qu'il y avait déjà eu «par le passé des échauffourées. Mais on a cru que la situation allait tenir», a-t-elle dit.

Historiquement, les relations entre les deux communautés sont tendues, notamment en raison de disparités économiques. Dans les années 1990, des affrontements interethniques avaient fait des centaines de morts dans la région d'Och.

De retour à Bichkek dans la soirée, Mme Otounbaïeva a déclaré à la radio nationale que des troupes russes allaient protéger certaines installations stratégiques du pays. Le ministère russe de la Défense a confirmé une demande en ce sens mais a indiqué que la décision n'avait pas encore été prise.

De son côté, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a demandé au gouvernement kirghiz provisoire de mener une enquête «exhaustive et transparente» sur ces violences.

Deux ONG, l'institut d'analyse des conflits International Crisis Group (ICG) et l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), ont annoncé avoir écrit au Conseil de sécurité de l'ONU pour lui demander des «mesures immédiates», afin de régler cette situation, «une menace importante à la paix et la sécurité internationales».

L'ONU a par ailleurs lancé vendredi auprès des pays donateurs un appel de fonds d'urgence de 71 millions de dollars pour l'aide humanitaire au Kirghizistan.

A Londres, Maxim Bakiev, le fils du président kirghiz déchu Kourmanbek Bakiev a déposé une demande d'asile au Royaume-Uni, selon ses avocats.

Mais Londres avait indiqué jeudi qu'il pourrait examiner une demande d'extradition de Maxim Bakiev, réclamé par le gouvernement temporaire kirghiz.


http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/violences-ethniques-au-kirghizistan/201006/18/01-4291365-kirghizistan-pres-de-2000-morts-dit-la-presidente.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B12_en-manchette_278_section_POS1
 
Frédérick Lavoie, collaboration spéciale
La Presse
Publié le 18 juin 2010 à 07h36 | Mis à jour à 12h01


Violences au Kirghizistan: les Ouzbeks restent sur leurs gardes


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(Och, Kirghizistan) Les combats interethniques ont cessé dans le sud du Kirghizistan. Mais la minorité ouzbèke d'Och craint toujours de sortir de ses quartiers dévastés. Et même d'y laisser entrer l'aide humanitaire. C'est qu'ils sont de plus en plus nombreux à croire que les violences de la dernière semaine ont été directement organisées par les autorités locales, dominées par la majorité kirghize, raconte notre collaborateur.

«Qui va répondre de nos maisons brûlées, des meurtres, des femmes violées?» Sur une tribune improvisée, entouré des hommes du quartier ouzbek de Chahid-Teba, Mourat Isakov se lance dans un discours enflammé. Le général à la retraite à qui il fait la morale, un Kirghiz, baisse la tête. Il était venu négocier la levée des barricades afin de faire passer 20 tonnes de produits de première nécessité.

«Nous n'en voulons pas, de votre aide humanitaire!» crie la foule. Mourat, vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan, calme ses compatriotes et poursuit sa diatribe contre le général silencieux, représentant malgré lui des Kirghiz.

«Si vous voulez montrer aux Ouzbeks que nous sommes des peuples frères, la balle est dans votre camp. Ici, tout est calme. Nous n'avons fait que nous défendre.»

À Chahid-Teba, des dizaines de maisons ont été incendiées lors des violences qui ont débuté dans la nuit du 10 au 11 juin et ont fait au moins 191 morts, selon un bilan officiel largement sous-estimé. Rien que dans ce quartier, les habitants ont inhumé 18 des leurs dans une fosse commune.

Au poste de contrôle qui sépare Chahid-Teba d'un quartier mixte, des soldats, tous kirghiz, fouillent les voitures. Leader informel de la foule, grand orateur, Mourat explique au général Moldochev que les Ouzbeks ont toujours peur des militaires, même si les tirs ont cessé.

Selon ce que La Presse a pu observer, les secteurs ouzbeks d'Och ont été indéniablement plus touchés que les quartiers kirghiz, que les incendiaires ont laissés pratiquement intacts.

Luttes mafieuses

En entrevue, le maire de la ville, Melisbek Myrzakmatov, nie que les divisions ethniques aient pu causer les violences et que les Ouzbeks aient été plus visés que les Kirghiz. «Le simple peuple n'y est pour rien. Nos deux peuples vivent ensemble depuis des siècles et maintenant des forces extérieures veulent les monter l'un contre l'autre», affirme-t-il.

Selon lui, ces forces pourraient être des islamistes liés à «des groupes terroristes internationaux». Il y a en effet de tels mouvements dans la vallée de Ferghana, où se trouve Och, mais ils n'ont jamais été à l'origine d'attaques d'une telle ampleur au Kirghizistan.

Dans les rues d'Och, l'hypothèse de l'implication de forces étrangères ou islamistes est beaucoup moins populaire que dans les couloirs de la mairie. Pour les Kirghiz comme pour les Ouzbeks, les affrontements interethniques ont plutôt pour source les luttes politiques et mafieuses qui ont mené à deux coups d'État en cinq ans, dont le plus récent en avril.

Mais le maire insiste: plusieurs personnes ont été arrêtées au cours de la semaine et «ce ne sont pas des citoyens du Kirghizistan».

Or, La Presse a eu accès hier à une prison du Service d'État de sécurité nationale, où une dizaine d'hommes, tous Ouzbeks, ont été présentés comme des participants aux violences. Il s'agirait des seuls détenus arrêtés en lien avec les événements survenus à Och. Certains membres des forces de l'ordre ne cachaient pas leur conviction que la minorité ouzbèke était responsable du saccage.

Hôpital psychiatrique

De son côté, la communauté ouzbèke, qui compte pour environ 40% de la population d'Och, accuse les autorités régionales de discrimination. Peu de ses membres en effet travaillent dans l'administration et les forces de sécurité.

Le maire Myrzakmatov nie. «C'est parce qu'aucun Ouzbek ne veut travailler dans l'appareil d'État pour 100$ par mois», répond-il, agacé. «Qui parmi eux s'enrôle pour protéger nos frontières? Aucune autre ethnie à part les Kirghiz ne veut servir dans notre armée et défendre nos frontières.»

Dans le quartier de Chahid-Teba, Danil Olmat, la vingtaine, voit les choses différemment: «Dès que tu envoies une demande pour devenir employé de l'État et qu'ils voient que tu es ouzbek, tu es rejeté. J'ai une licence en droit, mais je suis chômeur.»

Pour les Ouzbeks, le maire est désormais devenu suspect dans le déclenchement des violences. Dans une interview accordée cette semaine au site d'information Ferghana.ru, le vice-maire, Timour Kamtchibekov, a accusé son supérieur d'avoir un «lien direct avec les événements».

Mardi, Kamtchibekov, qui se serait porté à la défense des Ouzbeks durant les violences, a été relevé de ses fonctions. Melisbek Myrzakmatov ne nie pas le renvoi de son adjoint. Mais pour l'expliquer, il brandit aux journalistes la photocopie d'un diagnostic de maladie mentale établi par un hôpital psychiatrique.

400 000 réfugiés et déplacés

Les violences interethniques dans le sud du Kirghizstan ont fait selon les dernières estimations de l'ONU «au moins 400 000 réfugiés et déplacés», a indiqué une porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, Elisabeth Byrs. «Notre estimation du nombre de déplacés est désormais de 300 000 personnes», a-t-elle ajouté se référant à un bilan de situation établi par les agences humanitaires de l'ONU. Le nombre de réfugiés en Ouzbékistan voisin est quant à lui passé à 100 000 personnes, «en comptabilisant seulement les adultes», a précisé la porte-parole, laissant entendre que le chiffre devrait être nettement supérieur une fois que les enfants y seront intégrés. -AFP


http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/violences-ethniques-au-kirghizistan/201006/18/01-4291190-violences-au-kirghizistan-les-ouzbeks-restent-sur-leurs-gardes.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_asie-oceanie_290_section_POS3
 
Agence France-Presse
Publié le 19 juin 2010 à 14h11 | Mis à jour à 14h21


Kirghizistan: l'état d'urgence prolongé jusqu'au 25 juin


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Les autorités kirghizes ont ordonné samedi de prolonger jusqu'au 25 juin l'état d'urgence dans la ville d'Och et une partie de sa région, située dans le sud du pays, théâtre de sanglantes violences interethniques.

«Le gouvernement intérimaire du Kirghizistan a prolongé jusqu'au 25 juin l'état d'urgence dans la ville d'Och» et une partie de sa région, a annoncé le service de presse du gouvernement.

Les craintes de nouveaux affrontements étaient vives samedi à Och, deuxième ville de ce petit pays d'Asie centrale, et la présence militaire y demeurait importante, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les violences, qui ont éclaté à Och dans la nuit du 10 au 11 juin avant de se répandre à la région voisine d'Djalal-Abad, ont fait jusqu'à 2000 morts, selon la présidente kirghize par intérim Rosa Otounbaïeva.

Les émeutes auraient «affecté directement ou indirectement» un million de personnes (300 000 réfugiés et 700 000 déplacés à l'intérieur du pays), selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), entraînant un flot de réfugiés en Ouzbékistan voisin.


http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/violences-ethniques-au-kirghizistan/201006/19/01-4291693-kirghizistan-letat-durgence-prolonge-jusquau-25-juin.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_asie-oceanie_290_section_POS1
 
Tolkoun Namatbaïeva
Agence France-Presse
Bichkek
Publié le 23 juin 2010 à 12h47 | Mis à jour le 23 juin 2010 à 18h31


Kirghizstan: les réfugiés rentrent massivement au pays


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Des dizaines de milliers de personnes réfugiées en Ouzbékistan à la suite des violences ayant secoué le Kirghizstan ces dernières semaines ont pris le chemin du retour malgré une situation toujours précaire et des difficultés d'acheminement de l'aide qui leur est destinée.

Au total, 57 539 personnes sont rentrées au pays, a déclaré à la presse Ismaïl Issakov, un représentant du gouvernement provisoire kirghiz.

«Au Kirghizstan aujourd'hui (...), entre 08h00 et 17h00, plus de 8 000 réfugiés sont rentrés», a déclaré pour sa part le directeur adjoint du service kirghiz de surveillance des frontières, Tcholponbek Tourousbekov.

Selon ses services, 75 000 personnes avaient fui vers l'Ouzbékistan après les violences interethniques qui ont ravagé le sud du Kirghizstan à la mi-juin. Des agences d'aide internationale avaient évalué leur nombre à plus de 100 000.

Pour Baktybek Alymbekov, commandant militaire de la région d'Och, «la situation dans la région dans l'ensemble se stabilise». Il a toutefois fait état de tensions persistantes entre les communautés kirghize et ouzbèke.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a proposé l'envoi d'une force de police internationale pour contribuer à stabiliser la situation dans le sud du pays.

«Le processus de stabilisation est en cours, mais ce serait encore mieux si une force internationale de maintien de la paix y participait, si possible pas des militaires, mais des policiers», a déclaré le représentant spécial de l'OSCE pour l'Asie centrale, Kimmo Kiliounène, suggérant l'envoi de 50 à 100 policiers.

Les Etats-Unis qui ont déjà apporté plus de 15 millions de dollars pour venir au secours des populations déplacées au Kirghizstan, ont promis mercredi de fournir rapidement pour 48,3 millions de dollars d'aide à ce pays, afin de faire face à la situation humanitaire et aux besoins de reconstruction.

Au total, environ 400 000 personnes ont fui le sud du Kirghizstan à la mi-juin. Les derniers chiffres officiels font apparaître que les affrontements ont fait 251 morts, mais la présidente kirghize par intérim Rosa Otounbaïeva a reconnu il y a quelques jours que le bilan réel pourrait être de près de dix fois supérieur.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a salué mercredi les efforts du Kirghizstan et de l'Ouzbékistan en vue de faciliter le retour des réfugiés, mais appelé à ce qu'ils se fassent «en premier lieu dans les zones où les agences humanitaires ont accès».

Une journaliste de l'AFP a aperçu mercredi de très nombreux réfugiés, essentiellement des femmes, des enfants et adolescents, tout juste arrivés d'Ouzbékistan, dans le village kirghiz de Sourot-Tach, près de la frontière ouzbèke.

Minoura, une habitante d'Och âgée de 43 ans, a pour sa part franchi la frontière au niveau du village kirghiz de VLKSM (acronyme correspondant à son ancienne appellation soviétique), accompagnée de deux de ses cinq enfants.

«Nous sommes nés et nous avons grandi ici. C'est ici qu'ont vécu nos ancêtres. C'est pour cela que nous voulons vivre au Kirghizstan, et nous l'avons fui parce que nous avions peur pour notre sécurité», a-t-elle expliqué.

Historiquement, les relations entre les communautés kirghize et ouzbèke sont tendues, notamment en raison de disparités économiques.

Nombre d'observateurs craignent que le référendum prévu dimanche dans le pays sur une révision de la Constitution ne sème de nouvelles tensions.

Les autorités intérimaires, arrivées au pouvoir en avril à la suite d'un soulèvement populaire, espèrent au contraire que ce vote stabilisera enfin ce petit pays miné par la pauvreté et les crises politiques à répétition.


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Benoît Finck
Agence France-Presse
Och, Kirghizistan
Publié le 27 juin 2010 à 12h00 | Mis à jour à 13h07


Le Kirghizistan a adopté la nouvelle Constitution


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Le Kirghizistan a validé une nouvelle Constitution qui devrait l'aider à surmonter son instabilité politique et tourner la page sur les violences des derniers mois, a annoncé la présidente par intérim, Rosa Otounbaïeva peu après le référendum de dimanche.

«Aujourd'hui est un jour très important, historique pour le pays. (...) La nouvelle Constitution a été adoptée en dépit des attaques sauvages de ses opposants», s'est-elle félicitée environ deux heures après la clôture des bureaux de vote dans ce petit pays d'Asie centrale pauvre et instable.

La présidente n'a pas précisé quelle proportion de l'électorat avait voté pour.

Selon le site internet de la commission électorale, près de 16% des bureaux de vote avaient dépouillé leurs bulletins vers 16h45 GMT (12h45 HAE), affichant un résultat de 62% pour le «oui». Les résultats définitifs du vote sont attendus dans les jours qui viennent.

Quelque 65,1% des électeurs ont participé au vote, a indiqué la présidente par intérim, qui a elle-même voté à Och (sud). Aucun trouble n'a été signalé dans l'immédiat dimanche lors du vote.

La nouvelle Constitution affaiblit considérablement le président au bénéfice du Parlement, afin d'éviter la concentration du pouvoir dans les mains d'une seule personne.

Environ 2,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Les autorités provisoires comptent beaucoup sur ces réformes pour stabiliser le pays, qui a connu plusieurs vagues de violences ces derniers mois.

«Le peuple a mis un point final à l'époque de la gestion autoritaire et familiale», a dit Mme Otounbaïeva en allusion aux précédentes présidences de Askar Akaïev et Kourmanbek Bakiev, tous deux renversés lors de soulèvements populaires. M. Bakiev a fui le Kirghizistan en avril, et l'opposition s'était alors emparée du pouvoir, formant un gouvernement provisoire.

Beaucoup d'observateurs locaux et étrangers avaient mis en garde contre la tenue de ce vote alors que la situation demeure très précaire dans le sud du pays après les violences interethniques de la mi-juin, qui ont fait plusieurs centaines de morts selon un bilan provisoire.

Les violences avaient poussé quelque 400 000 personnes à fuir leur domicile, dont beaucoup sont rentrées chez elles, mais font face à une situation humanitaire très difficile.

Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizistan) et les Kirghiz sont tendues dans le sud, notamment en raison des disparités économiques entre communautés.

«Maintenant, nous allons former un nouveau gouvernement légitime, qui ne sera pas "par intérim"», qui restera en poste jusqu'aux élections législatives prévues à l'automne, a souligné la présidente. Leur date devrait être annoncée «bientôt», a-t-elle ajouté.

Mme Otounbaïeva pour sa part devrait remplir les fonctions de présidente jusqu'à la présidentielle prévue en octobre 2011.

A l'occasion du vote, les autorités avaient temporairement levé samedi un couvre-feu imposé dans le Sud à la suite des violences, mais il sera réintroduit après le référendum.

Les listes d'électeurs étaient l'un des principaux écueils du référendum et jusqu'à 16% de l'électorat n'a pas pu pas voter dans certaines régions, soit un total de 200 000 personnes, a indiqué le chef adjoint du gouvernement provisoire, Omourbek Tekebaïev.


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