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En Allemagne, les enfants de la honte sortent de l'ombre - La Presse

Yrys

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En Allemagne, les enfants de la honte sortent de l'ombre

Plus de 60 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les tabous tombent enfin. Des historiens ont commencé à se pencher sur les souffrances des Allemands,
notamment sous les bombardements alliés.Les enfants illégitimes de la guerre, dont les pères étaient parmi les millions d'hommes envoyés dans un pays qui n'était pas
le leur, réclament aussi une reconnaissance officielle. Mais la honte patriotique empêche toujours un véritable décompte et laisse incomplets des centaines de milliers
d'arbres généalogiques.

Le jour de ses 50 ans, Klaus-Peter Necker a reçu une lettre d'une inconnue. Il s'agissait de sa tante biologique.Elle lui révélait qu'il était le fils d'un soldat français. La mère
allemande de M. Necker, pour échapper aux commérages, a donné ce fils en adoption. Inconsolable, elle est morte quatre ans plus tard, après s'être mariée à un homme
qu'elle n'aimait pas. «J'essaie depuis 12 ans de retrouver mon père», explique M. Necker, un détective privé, dans son bureau du centre de Munich. «C'est très difficile
d'approfondir mes racines de ce côté, parce que beaucoup de gens du village où vivaient ma mère et ma tante considèrent encore mon existence comme une honte. Non
seulement je suis le témoin vivant de la défaite et de l'Occupation française, mais je suis d'origine maghrébine. Mon père était berbère.»

Un journaliste français, Jean-Paul Picaper, a consacré deux livres à la question: Enfants maudits, sur les 200 000 enfants français de soldats allemands, et Le crime
d'aimer, sur les dizaines de milliers d'enfants nés de prisonniers de guerre et de travailleurs français qui ont été emprisonnés en Allemagne durant la guerre. «Nous
commençons tout juste à avoir des résultats sur les enfants de soldats alliés qui ont servi en Allemagne durant l'Occupation, après 1945», explique M. Picaper, qui travaille
pour le Figaro.

Pour M. Picaper, tout a commencé en 1997. «J'ai reçu une lettre d'un Allemand dont le père était un soldat américain. Après mon article sur ce cas, l'enfant français d'un
soldat allemand m'a contacté. De fil en aiguille, je suis arrivé aux enfants de l'occupation. C'est très délicat, parce que les autorités des pays alliés craignent qu'il y ait des
réclamations des héritiers, notamment pour les pensions militaires. Il y avait tellement de soldats alliés en Europe en 1945. Les États-Unis, par exemple, ont été beaucoup
plus généreux avec les enfants vietnamiens de leurs soldats.»

Les soldats allemands qui fréquentaient des Françaises recevaient un billet aller pour le front de l'Est, presque une sentence capitale. Les soldats français qui fréquentaient
des Allemandes après 1945, eux, étaient envoyés en Indochine, un sort à peine plus enviable. «Avant 1948, il était interdit aux soldats alliés de marier une Allemande», dit
M. Picaper.

Les autorités collaborent peu aux efforts des enfants de la guerre, selon M. Picaper et M. Necker, qui n'a pas encore réussi à déterminer le village algérien d'où vient son
père. «Après la guerre, le gouvernement français a accueilli beaucoup d'enfants de soldats français. Leurs mères n'arrivaient plus à les nourrir et voulaient les envoyer
vers leur père, dit M. Picaper. Mais habituellement, ces enfants ne rencontraient jamais leur père. Ils étaient confiés à l'assistance publique. Il y a même des cas où les
familles d'adoption avaient demandé des enfants allemands seulement pour se venger sur eux des souffrances de la guerre.»
 
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